samedi, septembre 23, 2006

MA FAMILLE CURIE AU 18ème SIECLE (suite)


PIERRE CURIE (1732-1784) Tailleur d'habits et bourgeois de Montbéliard.

De son premier mariage avec Catherine-Elisabeh MONAMI, George CURIE, le Vieux eut deux fils, nés à Etupes: Pierre CURIE, né le 30 àctobre 1732 et Jean-George CURIE, né le 20 octobre 1736.

Pierre CURIE est mon ancêtre à la 7ème génération. Il fut baptisé trois jours après sa naissance au Temple d'Etupes, le 2 novembre de la même année. Son parrain fut son cousin, issu de germain, Pierre BOURGOGNE, fils de Jean BOURGOGNE et d'Anne CURIE. Sa marraine fut sa tante, Catherine-Marguerite BOURGOGNE, femme de Pierre-Nicolas CURIE, boucher à Etupes.

Rappelons l'importance au cours de cette génération, des liens noués entre la famille CURIE et la famille BOURGOGNE; mais aussi ceux avec la famille PECHIN que nous retrouvons davantage au cours des générations des 18ème et 19ème siècles.

Jean-George CURIE, le frère de Pierre, eut pour parrain Jean-George BOURGOGNE, représenté par son père, Jean-Pierre BOURGOGNE.

Pierre CURIE épousa à trente quatre ans, le 24 mai 1766, Suzanne-Marie CUENOT, fille d'un laboureur des Fesches-le-Châtel : Jacques CUENOT et de Marie-Madeleine CALAME. George CURIE le Vieux avait alors soixante six ans, et la mèrede Pierre était déjà morte. Nous savons que si Pierre CURIE (mais aussi son frère Jean-George) se sont mariés à cet âge avancé, c'est qu'ils avaient dû retarder leur mariage pour subvenir matériellement à leur père estropié gravement à la suite d'un accident. Mariés, Pierre CURIE, ainsi que Jean-George son frère, l'ont sans doute assisté jusqu'à la fin de sa vie en 1777.

Pierre CURIE devait décéder à Etupes le 26 janvier 1784 à l'âge de cinquante deux ans, sept ans à peine après la mort de son père. Jusqu'à la mort de George CURIE, le Vieux, Pierre partagea les mêmes événements. Deux ans avant de mourir, il assista le 1er août 1782 à la venu au Château d'Etupes du grand duc PAUL de Russie (le futur Tsar PAUL Ier), accompagné de sa femme, Sophie-Dorothée. Au cours de cette visite, des fêtes se succédèrent jusqu'au départ des hôtes princiers, le 2 septembre 1782.

Comme dans les dernières années de vie de son père, Pierre CURIE a connu jusqu'à sa mort à Etupes la vie animée par la présence au Château de la Cour du stathalder Frédéric-Eugène. Lorsque Pierre CURIE avait cinq ans en 1737, Etupes était un bourg de cent soixante sept habitants. En 1785, un an après sa mort, le bourg avait preque doublé de population et comptait trois cent dix neuf habitants, dont le nombreux personnel du Prince.

Pierre CURIE exerça à Etupes le métier de tailleur d'habits, tout au long de cette période de calme et de restauration de la Principauté de Montbéliard, après la longue crise qui l'avait éprouvée près de cent cinquante ans.

A peine un mois après le mort de Pierre CURIE, un inventaire de sa succession fut dressé par le Greffier du Baillage d'Etupes, Pierre-Emmanuel LODS, le 2 mars 1784 et signé le 4 mars de la même année par Suzanne-Marie CUENOT, sa veuve, et par Jean-Pierre-Nicolas CURIE ( fils de Pierre-Nicolas CURIE, boucher, cousin de Pierre CURIE) le curateur de ses cinq enfants (Anne-Marie, Margueritte, Jean-David, Pierre et Suzanne-Margueritte). Cet inventaire ne mentionne que les biens meubles et immeubles ayant appartenu à Pierre CURIE. Il ne comprend pas ceux que sa femme, Suzanne-Marie CUENOT, avait apportés à la communauté matrimoniale; en particulier ceux que Pierre CURIE avait cédé à sa femme par contrat le 7 août 1766 (environ deux mois et demi après leur mariage), ainsi que ceux qu'elle avait reçus en dot de ses parents. Cet inventaire comprend donc ceux qu'il avait sans doute reçus en héritage de son père George CURIE le Vieux (ces biens-là sont désignés comme "acquis").

D'après le contrat de mariage, signé devant le notaire G.RICHARDOT, le 8 mai 1766, Suzanne-Marie CUENOT, épouse de Pierre CURIE, pourrait en plus de ses biens propres, jouir du tiers des acquisitions faites au cours de leur mariage. elle avait en outre la charge d'administrer la totalité de la succession en qualité de tutrice de ses enfants qui recevaient les "biens anciens" du défunt et une part (sans doute un tiers) des "acquisitions" sous la responsabilité vigilante de leur Curateur, Jean-Pierre-Nicolas CURIE.

Par ailleurs, cet inventaire laisse supposer que les deux frères tailleurs, Pierre et Jean-George CURIE étaient proches voisins. La maison où demeuraient Pierre CURIE et sa famille, devait appartenir pour moitié à Jean-George CURIE. Pierre et Jean-George CURIE avaient-ils mis leurs ressources en communauté ? Surtout, si l'on se souvient qu'ils avaient dû subvenir, au moins depuis 1766, aux besoins de leur père impotent et sans ressources sur la fin de sa vie !

La maison de Pierre CURIE à Etupes semble avoir été mitoyenne de celle de Jean-Pierre-Nicolas CURIE : ce qui expliquerait pourquoi ce dernier fut désigné par la Justice comme Curateur des enfants de Pierre CURIE après sa mort.

De cet inventaire, il ressort aussi que si Pierre CURIE a exercé le métier de tailleur d'habits, lui et sa femme ont été, comme beaucoup, des paysans. En effet, en plus des biens relevant du "stock" laissé par le tailleur d'habits (sous la rubrique "toile, fil, oeuvre, laine, plume et sacs"), l'inventaire mentionne une vingtaine de parcelles de terrain (oiche, prels, champs...), représentant sans doute une superficie de plus d'un hectare et demi, ainsi que du bétail (deux vaches, une génisse, deux cochons, cinq brebis et moutons, deux agneaux, quatre canards, deux poules) et des herbages (foin, regain, paille...) et des outils divers.

Ainsi, Pierre CURIE et sa famille n'étaient pas riches (il n'y avait chez eux ni monnaie d'or et d'argent; ni argenterie et bijoux). Leur train-de-vie dut être sobre et rustique. Cependant, ils durent vivre à l'aise matériellement. La valeur de l'inventaire pour les seuls biens meubles représentait une somme de six cent quatre vingt onze livres et quatorze sols.

A sa mort, à cinquante deux ans, Pierre CURIE n'a laissé aucune dette. Il était même créancier d'une brebis avec son agneau et de trois quartes (une quarte-céréales = environ 19 kgs) de "boige hatif" ("boige" = mélange fait essentiellement de menus grains de printemps : orge, avoine, pois et vesces, semés ensemble). Sa "bibliothèque" se limitait strictement, semble-t-il, à une Bible et à un Psautier, ainsi que deux Nouveaux Testamants pour les enfants.

Quant aux immeubles, ils représentaient essentiellement la maison de Pierre CURIE et de sa famille à Etupes, avec ses annexes : une petite grange et une écurie, ainsi qu'un petit jardin et son verger d'une superficie d'un "coupot" (3 ares 14). La maison semble avoir été constituée d'un rez-de-chaussée, d'un étage et d'un grenier, ainsi que d'une cave, et en prolongement, la grange et l'écurie. Elle semble aussi avoir été en "copropriété" avec son frère Jean-George CURIE. En effet, l'inventaire mentionne : "La moitié d'une maison située au village d'Etupes, consistant dans le poêle et la cuisine au-dessus du rez-de-chaussée,et dont le bas de la dite maison avec l'autre moitié du grenier appartient à George CURIE, tailleur d'habits, frère du défunt, le tout entre Pierre-Nicolas CURIE d'une part et la grange ci-après spécifiée d'autre part, ancien du défunt, et la moitié de la cave du côté du couchant. Une petite grange avec une écurie au bout entre la maison ci-dessus d'une part et George CURIE partage d'autre, bâties pendant la communion sur un chésal du défunt. Un petit jardin et verger contenant environ un coupot entre Pierre-Nicolas CURIE du levant, George CURIE partage du couchant, le fief de la papeterie au midi et Jean VIENOT VURPILLOT au septentrion, ancien du défunt."

Les parcelles de terrain étaient constituées d'une "oiche", d'un "pré" et de seize champs, ainsi que d'une moitié de vigne: en tout, dix neuf quartes et quinze coupots et demi. L'inventaire de ces terrains communs aux deux frères Pierre et Jean-George CURIE fait apparaître huit fois sur dix la mention du nom de George CURIE; ce qui pourrait laisser supposer que ces terrains provenaient soit de leur part d'héritage commun, soit d'acquisitions communes antérieurement à leur mariage. En effet, quatorze terrains portent la mention "ancien du défunt"; un terrain a été agrandi par acquisition; deux terrains ont été acquis et trois autres ont été cédés par la Commune. Plusieurs de ces terrains (le pré, le champ "aux Voivannes", celui "aux Feuilles" et celui "la Voivanne de la Croix") voisinaient les domaines du Prince de Wurtemberg, Frédéric-Eugène. Sans doute, étaient-ils attenants ou proches du Château d'Etupes ? D'autres terrains jouxtaient des propriétés de parents (comme Esaïe CURIE, l'aubergiste, fils du bonnetier Jean-George CURIE et cousin germain de Pierre CURIE), ou des alliés (comme les PECHIN : Jacques, Frédéric et Marc; George BOURGOGNE, Pierre-Abraham GREYS; Joseph JOLY; Jean VIENOT VURPILLIOT et Daniel VURPILLOT) ainsi que des voisins (comme Joseph CHENOT et son fils Jacques); George BOUMI. George PEUGEOT; George VAUTHIER; Jacques MAILLART et Frédéric DORIOT).

Si l'on suppose que la "papeterie" d'Etupes mentionnée dans l'inventaire, jouxtant le jardin et le verger familial,se trouvait selon toute vraisemblance au bord de la rivière, et que certains appartenant à Pierre CURIE voisinaient le Château d'Etupes, il est possible d'imaginer que la maison familiale de Pierre CURIE, le tailleur d'habits, devait se situer entre ce qu'était alors la "Grand'Rue" (ou "Grand Chemin") à hauteur du Château d'Etupes et la rivière Allan, non loin du ruisseau "la Charme" que devait emjamber la "Rue des Prés"...

A ce point de notre généalogie, il paraît intéressant de mentionner les métiers que ma famille CURIE a exercés dans cette région d'Etupes, aux portes de Montbéliard.

Au 17ème siècle, à travers les actes d'état-civil connus, ont été mentionnés principalement la charge de Maître (ou Recteur) d'Ecole : Jean CURIE (3) et Henry CURIE; mais aussi dans les familles alliées aux CURIE (les BOURGOGNE et les KOELIG). Jean BOURGOGNE, marié à Anne CURIE, soeur d'Henry CURIE, exerçait le métier de bonnetier. D'après certaines indications relevées dans le Bulletin Municipal d'Etupes (1968), la famille KOELIG, aussi apparentée aux CURIE, et originaire du Canton de Berne, a possédé une auberge à Etupes. Jean CURIE (2), époux de Suzanne DUVERNOY, était tanneur.

Au 18ème siècle, toujours dans les actes d'état-civil, sont mentionnés pour ma branche familaile entre 1700 et 1750, les métiers suivants: bonnetier (Jean-George CURIE, fils d'Henry CURIE); tailleurs d'habits (Pierre CURIE et Jean-George CURIE, fils de George CURIE le Vieux); boucher (Pierre-Nicolas CURIE, fils d'Henry CURIE); laboureur (Jean-Pierre-Nicolas CURIE, fils de Pierre-Nicolas CURIE). Parmi les familles alliées aux CURIE, on relève aussi les métiers suivants : laboureur (Jacques CUENOT, beau-père de Pierre CURIE, le tailleur); menuisier (Charles-Jérémie GUILLEMOT, beau-père d'Esaïe CURIE, fils de Jean-George CURIE, le bonnetier); aubergiste (Esaïe CURIE).

Ainsi, le commerce et l'artisanat d'une part, l'agriculture d'autre part, semblent avoir été les deux orientations principales suivies par ma famille CURIE. Par ailleurs, presque tous ces CURIE des 17ème et 18ème siècles ont aussi été des "bourgeois de Montbéliard": en particulier, Jean CURIE (3) et Henry CURIE, puis Jean-George CURIE, le bonnetier. Pierre-Nicolas CURIE, son frère, le boucher; Pierre CURIE, le tailleur, fils de George CURIE le Vieux.

Il est possible d'imaginer alors leur vie sociale quotidienne. Depuis le 15ème siècle, en effet, les métiers s'étaient organisés en "corporations" : les "Chonffes", qui regroupaient obligatoirement tous les membres d'une même branche professionnelle; mais tous n'y avaient pas le même statut. Ces corporations fonctionnaient avec des assemblées générales, des cotisations, un budget, un bureau annuel élu..Elles dictaient le "droit du métier". L'ensemble des corporations de métiers comprenaient : les métiers de l'alimentations (boulangers, taverniers, bouchers, etc..); les métiers du bâtiment (charpentiers, maçons, couvreurs,..) les métiers du textile (tisserands, couturiers, chapeliers, ...); les métiers du cuir (tanneurs, cordonniers, pelletiers, foureurs, ...); les métiers du métal (forgerons, serruriers,..) Ils avaient des "sceaux" qui indiquaient à la fois la marque de fabrique et leur personnalité juridique.

A partir de 1723, la vie économique reprit ses droits dans la Principauté: l'artisanat fut l'activité dominante; près des deux tiers des personnes ayant un métier en vivaient; en particulier, les artisans du textile furent de plus en plus nombreux vers la fin du siècle; mais aussi les artisans des cuirs et peaux représentaient les 20% des métiers artisanaux. Cependant, les règlements des "Chonffes" étaient devenus de plus en plus inadaptés, freinant les initiatives et le progrès.

Ainsi, à côté d'une bourgeoisie marchande riche qui était aussi souvent une bourgeoisie administrative, des fonctionnaires anoblis par le Prince et qui avaient accès à la Cour des Châteaux de Montbéliard et d'Etupes, se développait une "classe moyenne", constituée par les maîtres-artisans qui étaient en même temps francs-bourgeois de la cité.

Il semble que ma famlle CURIE, ainsi constituée le plus souvent au cours de ce 18ème siècle par ces artisans d'Etupes et "bourgeois de Montbéliard", se soit trouvée intégrée à cette "classe moyenne", pas très riche, mais relativement à l'aise. Parallèlement, les CURIE qui s'étaient orientés vers l'agriculture (les laboureurs étaient des paysans-propriétaires) durent participer aussi à l'améliorations générale de la vie des paysans de l'époque, en particulier à la suite des nouvelles méthodes de culture, d'ailleurs apportées par les paysans anabaptistes (assolement, engrais, prairies artificielles - trèfle et sainfoin -, pratiques pastorales nouvelles pour l'élevage des bovins).






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